mercredi 15 mai 2013

Etat d'âme

Oui, je sais...il était temps! J'ai beaucoup de retard: j'ai plein de livres à vous faire découvrir et plein de nouveautés à partager sur le 1er voyage en avion de Coquillette et son 1er plongeon dans la piscine (entre autres choses).

Mais pour le moment, je vais m'arrêter un peu sur mes états d'âme. J'ai un petit sentiment de tristesse, ou de gâchis, au fond de moi.
Oh, ca ne m'empêche pas d'avoir le moral et toujours un grand sourire, mais c'est comme une petite pierre au fond d'une poche. On a tendance à la toucher de temps à temps et à en faire le tour!

Je suis une maman frustrée. Je suis frustrée des 1ers mois de ma fille, de ma grossesse et des mois à venir!

Je suis frustrée parce que, comme je m'en doutais (mais n'ais-je pas du coup favorisé l'accomplissement de mes préssentiments?), je n'ai pas su profiter de tout ca. J'ai été trop angoissée et trop stressée et trop inquiète et trop exigeante pour moi et pour elle. J'ai été forcée à faire autrement, à faire différement et j'ai été en même temps lâchée sur trop de terrain, sur trop de sujets neufs et d'inconnu à gérer.

Alors aujourd'hui, je sais que cette envie de 2ème bébé qui me taraude, ca n'a rien à voir avec les conditions materielles ou la situation professionnelle, c'est plus un besoin de rattrapage que j'envisageais.
Pour faire mieux qu'avec Coquillette! Et je viens juste de comprendre ca et bien évidemment, c'est une raison suffisante pour ne pas mettre en route ce prochain bébé.

Au contraire, je me suis dit que j'allais tourner toutes mes forces pour récupérer ce "temps" perdu avec Mlle durant les prochains mois.
Oui, voilà, très honnêtement, j'étais terrorisée à l'idée de devenir "mère au foyer" ne serait-ce que quelques mois (et je le suis toujours), mais une petite voix me dit que "peut-être, ce serait l'occasion de récupérer tout ce que j'ai l'impression d'avoir raté".

Bien évidemment, je n'ai rien raté. Ma fille est épanouie, je pense heureuse et tout va bien, mais moi j'ai un manque, un vide que je ressens avec âpreté chaque jour qui passe.

Je suis frustrée de ne pas avoir connu ce sentiment de plénitude pendant ma grossesse, qui semble être commun à beaucoup de femmes.
Je suis triste, avec le recul, d'avoir tant "poussé" ma fille à sortir vite de mon corps, à l'avoir "poussé" à se confronter plus tôt au monde extérieur alors que ces quelques jours supplémentaires auraient peut-être facilité bien des choses à venir.

Je suis frustrée d'avoir dû faire face à des remarques, pas méchantes mais juste existantes, de la part de gens que j'aime et qui m'aiment, sur la façon dont je m'y prenais avec mon enfant! Alors que Dieu seul sait comme je me sentais déjà isolée dans mon rôle de maman.
Je suis triste d'avoir donc eu des retenues là où je n'aurais pas dû, parce-que j'aurais dû me faire confiance, moi sa mère!

Je suis frustrée d'avoir eu un allaitement aussi difficile, même si je n'ai aucun regret sur sa durée, j'aurais aimé que cela se passe beaucoup plus naturellement tant pour moi que pour ma fille.

Je suis frustrée de ne plus pouvoir porter mon bébé en écharpe ou porte-bébé, mais ca je peux essayer d'y remédier maintenant, même si je vais certainement devoir faire face à des remarques. Je suis triste de ne pas avoir poursuivi cette belle activité ces derniers mois.

Je suis triste de me rendre compte que je ne prends pas assez soin de ma fille dans le sens où j'ai l'impression de ne pas être là pour elle quand je le devrais: j'ai délégué des rendez-vous au pédiatre, j'ai des difficultés à m'occuper de son alimentation pour des raisons pratiques, j'ai des absences pendant son bain car je me perds dans mes pensées après ma journée de boulot, j'ai une patience très restreinte la nuit ou en début de soirée quand elle a besoin qu'on la rassure ou qu'on la berce car je suis fatiguée et que je pense déjà à ma journée du lendemain, je me rends compte que je joue avec elle juste quelques minutes par jour, voire 1 heure par week end...
Je suis frustrée d'être si fatiguée et horrifiée de rêver de me séparer d'elle pour avoir quelques grasses mat' et plusieurs nuits complètes!

Je suis triste de devoir me séparer de ma fille pendant les vacances, même si c'est juste 2 fois une semaine et même si je sais qu'on s'occupera raisonnablement bien d'elle.
Je suis triste que mon attitude rencontre tant d'incompréhensions dans mon entourage.

Je me sens perdue quelques fois et très seule face aux choix d'éducation qu'il faut faire au quotidien, face aux décisions qu'il faut prendre et dont on ne sait jamais si elles sont bonnes.
C'est bête car il y a plein de mamans autour de moi, mais nous avons toutes des points de vue différents et façons de faire différentes. Surtout, nous avons des enfants différents donc il est difficile de transposer les solutions.

Je suis frustrée de faire les choses à moitié: de devoir me cacher pour signer, de manquer de temps pour apprendre et écouter des comptines pour les chanter à Mlle Coquillette qui adore ca, de parler à moitié espagnole et quand ca arrive d'en avoir limite honte à cause de mon accent, d'avoir accepté qu'on lui achète des chaussures alors que je suis persuadée qu'elle se sent mieux pieds nus ou en chaussons, etc.
Je suis frustrée de ne pas pouvoir élever ma fille comme je le sens et le ressens; je suis frustrée qu'on m'empêche d'acquérir la confiance nécessaire dans mon statut de mère pour pouvoir faire ces choix et les assumer.

J'ai la chance de ne pas être seule dans la vraie vie, d'avoir un papa plutôt doué et dévoué, d'avoir des papis et mamis et tontons toujours prêts à rendre service, mais j'ai l'impression que ma relation avec ma fille boîte à cause de tout ca...Et c'est bizarre à vivre!
Par exemple, je sais qu'elle m'aime et que je suis essentielle à sa vie. Elle s'accroche à moi comme un naufragé à un radeau quand d'autres veulent la prendre dans leurs bras et tend facilement les bras pour que je la prenne; elle me fait des superbes sourires et quelques rares calins (moments qui me remplissent de joie pure).
Cependant, elle devient complètement folle quand sa mamie rentre à la maison le soir; elle refuse de venir dans mes bras quand il est l'heure de se coucher car elle sait très bien que c'est moi qui m'y colle; elle préfère quelques fois jouer avec sa mamie plutôt qu'avec moi; elle semble plus proche de sa mamie que de sa maman. J'ai des fois l'impression d'être en compétition avec ma propre mère et c'est insupportable! Pas dans le sens ca m'énerve, mais dans le sens, ca me met très mal à l'aise de ressentir ca!
Alors oui, c'est génialissime de ne pas faire les courses, le ménage et la cuisine, bien évidemment! Qui se plaindrait du contraire? Mais aimeriez-vous vous sentir "infantilisée, dépossédé"?

Je suis peut-être excessive, possessive, oui peut-être! Mais je suis avant tout une maman et j'ai besoin de ce lien étroit avec mon bébé, or j'ai l'impression qu'on n'a fait que de me le raccourcir, de me le ronger.
C'est bête car je n'ai pas de parents intrusifs ou malveillants, ni même un entourage malintentionné, au contraire, mais je ne sais pas comment les mamans dans le monde qui vivent en communauté font pour vivre leur relation mère-enfant simplement et pleinement!

J'en suis donc venue à penser que ce n'est pas grave, je me rattraperai bientôt et puis, tout ce qui est pris n'est plus à prendre et Coquillette aura profité de tout cet amour qui l'entoure de part et d'autre de la famille! Et que, parole de Lili, n'est pas encore né celui qui m'empêchera de faire différemment avec le suivant!!

:)

Voilà les sentiments complexes qui m'animent et qui refont surface parfois, quand j'y pense. On en reparlera dans quelques mois quand nous serons enfin réunis et en même temps, isolés de tous nos proches.

Bonne journée et j'essaye de repasser par là dans peu de temps, car aussi incroyable que cela vous paraisse, j'ai encore plein de choses à vous dire!



2 commentaires:

  1. J'espère que tu réussiras à te sentir mieux dans ta relation avec ton petit bout! Je ne suis pas experte en la matière alors je ne suis pas bien placée pour les conseils, mais j'espère que tu réussiras à déculpabiliser, car comme toutes les mamans je suis certaine que tu fais de ton mieux! ET il n'est jamais trop tard ;) J'ai hâte de voir une photo récente de ta Coquillette ;)
    Bisous

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  2. Quand j'aurais un peu de temps et surtout d'énergie pour m'y mettre, tu verras (ou en tout cas moi je te le dis) que ton article fait écho en moi.
    Alors, comme je ne peux pas te donner de sablier retourneur de temps, je te dirais tout comme Tiffany qu'il n'est pas trop tard même si chaque étape et chaque âge est une page qui se tourne très/trop vite, tu vas apprendre à apprécier chaque instant à partir de maintenant. Pour ce qui est de ton statut de mère et ta souffrance, qui est liée à votre situation finalement, je trouve que tu as été déjà bien courageuse, aimante et patiente malgré les difficultés et les doutes et c'est normal que tu te sentes en partie dépossédée. Mais ôte toi cette culpabilité sur ce qui a été fait ou non fait. C'est parce que tu as fait du chemin avec ta fille, que tu as appris à l'aimer et à être mère que tu as pris du recul sur certains de tes choix et je suis sûre que maintenant, en sachant tout ça et en ayant mis des mots sur ta souffrance ,tu vas prendre une revanche sur le passé!!!

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