lundi 3 septembre 2012

Maman d'Isabelle ALONSO


Présentation:
"Ce matin, j'ai tapé "maman est morte" sur Google. En un dixième de seconde, le moteur de recherche affiche un million trois cent mille réponses ". La mort, on se l'imagine comme dans les films : tirs de mitraillettes, cow-boy fauché par une flèche, et un mot d'esprit qui s'échappe au moment du dernier soupir. Mais en fait la mort d'une mère, c'est insidieux et ça vous prend par surprise. Malgré les signes avant-coureurs, en dépit des diagnostics médicaux, on refuse l'inéluctable. Entre fêtes et larmes, malheur et douceur, Isabelle Alonso ose parler de la perte la plus intime qui soit : celle de sa mère. Après Fille de rouge et L'Exil est mon pays, elle poursuit sa chronique familiale en affrontant sa douleur sans pathos. Elle ne s'épargne rien et, par le rire, tord le cou au larmoyant, pour n'en être que plus poignante.

Avis:
Dévoré en un jour et une soirée! C'était juste génial...je ne sais pas, je n'ai pas assez de recul pour analyser plus en détails, et je crois que je n'en ai pas envie.
Isabelle ALONSO a une plume qui se rapproche assez de Barbara Constantine. C'est vif et frais, même pour une sujet aussi triste. Bien évidemment, on sent la douleur et on a le coeur serré au fur et à mesure qu'on avance dans le roman. Ca vous retourne aussi parce que ca fait réfléchir sur la vieillesse, sur nos parents et grands-parents, comme le dernier Foenkinos.
Quand je l'ai fini, je me suis dit que c'était un de mes livres préférés, bien plus que les deux précédents de cet auteur que j'avais déjà vraiment apprécié: L'exil est mon pays et Fille de rouge. Je pense que ca me touche particulièrement parce que ca parle de mon Histoire, de celle de ma mère surtout et sa famille.
Pour raccourcir, c'est le plus bel hymne à l'amour filial que j'ai eu l'occasion de lire ou d'entendre. Si comme moi, vous aimez votre maman plus que tout, ca va vous faire un bien fou: vous retournez les tripes, vous faire pleurer et vous dire que: demain, quand vous l'aurez au téléphone ou vous la verrez, vous lui direz je t'aime parce que c'est vrai, un jour elle ne sera plus là.

Citations: (je vous préviens, y en a un paquet)

"Quand je voyage, quel que soit le décalage horaire, je m'arrange pour lui passer un coup de fil, ce fil qui tisse bien serré le lien familial. Aucun de nous quatre, ni ma soeur Rémi, ni mes frères Gonzalo et Rodrigo, ni moi, Gus, n'y faillons un seul jour. A l'espagnole. Ce n'est pas du fil, c'est du cordon. Ombilical."

"Illuminer ses journées semblait si simple. Je me donnais les gants de considérer que je lui apportais la lumière. Et me voilà dans le noir. La lumière ne venait pas de moi. La lumière, c'est quand elle s'éteint qu'on en prend conscience. Et la lumière, c'était elle."

"On ne dit jamais la première fois que je l'ai entendu, ou la première fois que je l'ai senti ou touché. On dit la première fois que je l'ai vu. Ou la dernière fois que je l'ai vu. Les sentiments entrent par les yeux. Ne plus voir quelqu'un, perdre son regard, c'est ca, la mort. C'est ophtalmique."

"Bien sûr, l'argent ne fait pas le bonheur. Mais il vaseline le malheur."

"On ne choisit pas, on a été élevé comme ci ou comme ca. Nous, avec nos racines d'un côté et nos branches de l'autre, gardons le cul entre deux chaises. On a l'habitude d'être mal assis. On n'a plus qu'à se débrouiller avec les culpabilités contradictoires, les regrets antinomiques. Délices de la double culture."

"Le corps de sa mère, pour un enfant, est le doudou ultime. Je n'ai jamais sucé mon pouce ni vénéré un nounours ou un chiffon. Pas besoin. Un regard d'elle, ce regard de miel qui sucrait la vie, et tout allait bien."

1 commentaire:

  1. J'avais hésité à l'acheter, mais vu le sujet, j'ai un peu peur d'exploser en larmes en 2 secondes. Déjà quand j'avais lu Le livre de ma mère de Cohen, c'était dur, et pourtant c'était un regard d'homme alors là, ça risque d'être duuuuuuur. Et je suis pas sûre de vouloir me rappeler que le temps passe trop vite...

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